Samedi, mon pharmacien habituel me dit d’un air grave :
« Vous avez vu le rapport ?! »
Craignant qu’il ne me donne pas mon tube de Kantenprençava , qu’il tenait fermement de la main de droite, je réponds mollement :
« Oui… »
« Et alors, vous en pensez quoi ? »
Le problème, c’est que le rapport dont il me parle m’est aussi inconnu que l’autobiographie de la nourrice de Kadhafi intitulé « Momo préférait le gauche ».
« C’est un sujet important…c’est certain »
« Comment ça, important, vital vous voulez dire ! »
Comme il ne me donne toujours pas mon tube…
« Vital, c’est ça que je voulais dire… »
« Vous vous rendez compte, bientôt votre tube, vous irez l’achetez ailleurs ! »
Moi je n’ai pas envie de débattre sur l’avenir de son officine, juste qu’il me donne mon tube, sinon je lui aurai dit qu’il les vende moins chers ces médocs et ils auraient plus de monde…
« 1 sur 4, qu’il dit le rapport… »
« C’est sur que c’est beaucoup… » Beaucoup de quoi, je n’en sais rien…
« Le métier est en train de mourir Monsieur, une officine sur quatre au bord du dépôt de bilan… » Ah, c’est ça…
« Oui mais, c’est un peu normal, malheureusement bien sur.. »
« Comment ça normal ? » Qu’il me dit, l’air mauvais, tube à la main…
« Ben oui, moins de médocs remboursés ou moins bien remboursés…Les gens vont en acheter moins…et comme on dit dans le commerce du boudin blanc truffé, quand l’offre est supérieure à la demande, c’est qu’il y a trop de cochons »
« Comment ça trop de cochons ?! »
Je ne sais pas exactement ce que dit le Rapport, mais ils peuvent ajouter que l’humour n’est la qualité première du pharmacien.