Je m’étais toujours demandé, sans non plus être obsédé par la chose, d’où venait l’expression « Allez se faire voir chez les Grecs » ?
Je pensais, stupidement, qu’il s’agissait d’un simple rappel de cette tradition millénaire, de la chaussure à pompon, de la jupette en cuir et de l’huile d’olive, des féroces guerriers spartiates au corps musclé, brillant de mille feux dans les virils combats des plaines de Sparte.
Et bien, je me trompais ou alors ce troisième millénaire en a modifiée le sens.
Le sympathique petit gars de la poste, à qui je demandais, plus par habitude que par conviction « Et vous ne pouvez pas mieux faire pour le taux de mon livret A ? », m’a répondu, d’un ton agressif « Si ça ne vous convient pas, allez voir chez les grecs si vous trouvez mieux ! », ce que bien sur je n’ai pas fait. En rentrant de la poste, tout à ma réflexion sur cette nouvelle stratégie de comunication de mon conseiller financier, passant devant la sortie de l’école dans la foule des parents, j’entends une maman dire à son bambin prépubère, « Encore un Z en math ! Si ça ne s’améliore pas, je t’envoie en pension chez les grecs au trimestre prochain ! »
Fort de cette prise de conscience, je vais donc m’adapter et faire comme tout le monde. La Grèce sera dorénavant pointée du doigt à la moindre occasion.
Par exemple je dirai « Pouah, on dirait des champignons à la grecque ! » lorsque la femme de ma vie fera bruler mon plat préféré ; je menacerai les enfants récalcitrants du « Grand Méchant Grec », ce qui d’ailleurs permettra au loup de repeupler tranquillement nos forêts; je demanderai aux académiciens de modifier le nom du « i grecque » dans notre alphabet pour éviter le déshonneur afin de l’appeler le « i allemand », beaucoup plus sérieux etc...
Il faut savoir s’adapter.
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